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Jean-Marc AYRAULT appelle à voter la confiance (15/09/2014)

voteblog.jpgA la veille du vote de confiance que Manuel VALLS sollicite pour son nouveau gouvernement, je mesure la responsabilité que portent  les députés socialistes dans le moment difficile que vit notre Pays.

Le redressement de France dans la justice passe par un soutien fort de la majorité, ce qui ne doit empêcher ni le débat, ni l’émergence de propositions. Mais nous nous devons d’éviter de tomber dans les postures.

Je vous laisse prendre connaissance de la tribune de Jean-Marc AYRAULT qui a été publiée ce jour dans Le Monde et que je partage en tous points. Bonne lecture.

«La France traverse une crise économique et sociale profonde. L'Europe peine à sortir du marasme né de la crise financière de 2008. Les tensions internationales sont à un niveau inégalé depuis la fin de la guerre froide.

Dans cette période exceptionnellement difficile pour notre pays et notre continent, la majorité doit soutenir le président de la République dans son engagement pour redresser notre pays, réorienter l'Europe et peser sur le règlement des conflits internationaux. Sauf à prendre le risque de l'impuissance des pouvoirs, elle doit faire bloc.

Le soutien n'est pas l'uniformité. Le débat est sain. Les propositions alternatives sont précieuses. C'est l'honneur d'un pays dont la culture démocratique est ancienne et profonde, de savoir organiser la confrontation des idées pour clarifier les choix et dégager les compromis indispensables. C'est l'essence d'un gouvernement social-démocrate de chercher à prendre en compte les aspirations de toutes les composantes de sa majorité et de veiller à donner toute leur place aux partenaires sociaux dans le redressement du pays.

JE VOTERAI LA CONFIANCE AU GOUVERNEMENT
Ne nions pas les différences. Elles sont naturelles et animent la gauche depuis toujours. Mais nous avons toujours voulu et su les surmonter pour répondre aux attentes des Français. C'est ce qu'ils nous demandent à nouveau aujourd'hui : ne pas surjouer nos désaccords, rejeter les stratégies purement médiatiques et personnelles et nous rassembler dans l'intérêt du pays. N'ajoutons pas une crise politique à la crise économique et sociale. Faisons preuve de vertu républicaine en agissant avec courage, malgré l'impatience et les déceptions.

Je voterai donc la confiance au gouvernement. Je la voterai, car la priorité est au rassemblement pour poursuivre le redressement de la France. C'est d'abord un acte de confiance dans la capacité de la France à se mobiliser.

Il faut voter la confiance, non par discipline, mais par respect de l'éthique de responsabilité qui nous a toujours guidés. Nous avons demandé aux Français beaucoup d'efforts. Ils sont dans le doute. Ils aspirent à retrouver une France dynamique, prospère et plus juste.

ON NE REDRESSE PAS UN PAYS EN DEUX ANS
Mais la France a trop longtemps différé les réformes audacieuses. La compétitivité de ses entreprises s'est dégradée, le niveau trop élevé de la dépense publique a nourri l'augmentation du déficit et de la dette, les inégalités sociales et territoriales se sont accrues. Les réformes indispensables à l'avenir de notre pays ont été enfin lancées dès 2012. Le rythme ne faiblit pas. Nous comprenons les impatiences. Elles sont légitimes quand le chômage atteint des niveaux aussi élevés. Mais nous savons tous qu'on ne redresse pas un pays en deux ans.

Voter la confiance, c'est permettre à la France de peser de tout son poids pour réorienter l'Europe. Ne prenons pas le risque de l'affaiblissement de la France, quand les attentes à l'égard de l'Europe ont rarement été aussi fortes. Sur la crise ukrainienne, les relations avec la Russie, la lutte contre le terrorisme, la relance de la croissance européenne, les investissements énergie et climat, la stratégie numérique et les grandes infrastructures, l'engagement de l'Europe doit répondre aux espoirs des peuples européens.

Cela impose un dialogue sincère et exigeant entre la France et l'Allemagne. Non pas pour demander une quelconque facilité, la France décidant elle seule de ce qu'elle doit faire, mais parce que l'accord entre nos deux pays est indispensable pour relancer la croissance en Europe et recréer un projet européen ambitieux. La gravité de la situation l'exige. Leur responsabilité est historique.

UN SURSAUT EST NÉCESSAIRE
J'en ai la conviction, il est possible, dans un monde en profonde mutation, de réussir le redressement de notre pays et de conserver notre influence en Europe et dans le monde, sans pour autant renoncer à notre modèle social et républicain, mais à la condition de le réformer profondément. C'est ce qui donne sens à mon engagement d'homme de gauche, avec la préoccupation constante d'être fidèle aux principes d'égalité, de justice et de redistribution qui sont au coeur de ce modèle.

Avec la certitude, également, que les principes du social-libéralisme appliqués ailleurs ne le permettraient pas. Le pacte de responsabilité et de solidarité, pour réussir, doit déboucher sur de véritables négociations et de réelles contreparties. Ne prenons pas le risque d'affaiblir l'indispensable dialogue social ! Je considère aussi qu'une réforme profonde de notre fiscalité, pour un système fiscal plus juste, plus simple et plus efficace, reste incontournable.

La France a tous les atouts pour regarder l'avenir avec confiance. Ce n'est pas le moment de renoncer. Un sursaut est nécessaire. Sachons nous rassembler autour de l'ambition et des valeurs que doit incarner un gouvernement social-démocrate. Nous débattrons cet automne, lors de l'examen des projets de loi de finances, de la meilleure route pour suivre le cap fixé par le président de la République. Ce sera notre responsabilité de représentants de la nation de veiller à ce que ce débat ait lieu.

Mais soyons patients, agissons dans la durée. C'est ainsi que toutes les grandes réformes ont été mises en œuvre dans notre pays. Et c'est ainsi que nous devons agir pour poursuivre le redressement de la France.»

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