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La meilleure façon de marcher -Marie-Arlette CARLOTTI- (24/10/2014)

l_lth_colonnade-fond-bleu.jpgJe souhaite vous faire partager la tribune de ma collègue députée socialiste des Bouches-du-Rhône Marie-Arlette CARLOTTI, conseillère municipale de Marseille et ancienne ministre déléguée aux personnes handicapées et à la lutte contre l'exclusion.

Vous en trouverez le texte ci-dessous ou bien sur le site du Huffington Post qui le publie ce jour. Bonne lecture.

«La politique du Gouvernement est-elle socialiste, sociale-démocrate, sociale-libérale? Cette interrogation lancinante depuis le début du quinquennat ébranle la gauche. Certains parlementaires «frondent». Les militants doutent. Le Parti socialiste lance des états généraux avec l'ambition fondamentale de définir son identité. D'où vient le trouble?

La social-démocratie est une idéologie de la tension. Tension entre l'économique et le social, entre le capital et le travail, entre la création de richesses et leur juste répartition, entre l’État et la société civile, entre la centralité et les territoires, etc. La négociation est la traduction pratique de cette tension. Elle implique de toujours tenir les deux bouts, de marcher sur ses deux jambes. Dans cet enchaînement «équilibre/déséquilibre» permanent qu'est la marche, il y a une forme d'inconfort.

La gauche est prompte à le dénoncer. Car si la droite considère que la gauche est illégitime à gouverner... une grande partie de la gauche le pense aussi. La gauche s'est historiquement construite comme une force critique. Une force qui ne s'éteint pas quand elle est aux responsabilités. Cette posture critique s'exerce dans un contexte où la France a besoin de reformes profondes qui bousculent les clivages classiques et les proximités habituelles.

S'opposer à ces réformes, c'est condamner simultanément la gauche et la France. Mais le risque symétrique existe: dans cette volonté farouche de réforme, de mouvement, la gauche peut se perdre. Comment avancer dans ces conditions? Quels sont nos repères? Deux sont fondamentaux.

Le premier, c'est une certaine conception de la justice. Pour les socialistes, la justice est adossée au principe républicain d'égalité. Nous voulons que les talents, les énergies, les aspirations puissent se déployer dans toute leur variété et leur richesse. Mais nous gardons à l'esprit que nous formons une seule et même communauté, la République, et que cette commune appartenance interdit que certains vivent dans l'opulence et d'autres dans la misère, que des rémunérations dépassent l'entendement alors que des travailleurs ne bouclent pas les fins de mois voire sont en-dessous du seuil de pauvreté.

Le deuxième fondement, c'est l'espérance. S'émanciper, s'épanouir, voilà le programme que propose le socialisme. L'ordre des places n'est pas figé; il s'agit de s'arracher à sa condition pour vivre sa vie en toute autonomie. Chacun peut progresser, s'améliorer, penser que le meilleur est à venir. Le socialisme, c'est un petit bout de soleil.

Le gouvernement parvient-il à avancer sans pencher à droite? Sa tête est-elle maintenue, les yeux rivés vers son horizon de justice et d'espérance?

En novembre 2012 est annoncé un choc de compétitivité suite à la remise du rapport Gallois; en décembre se tient la conférence nationale de lutte contre la pauvreté qui préfigure un choc de solidarité: augmentation du RSA, extension des tarifs sociaux de l'énergie, hausse du plafond de la CMU-C et de l'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé, quotas pour l'accueil d'enfants de familles modestes en crèche...

Devant nos partenaires européens, nous acceptons l'objectif de réduction des déficits mais nous défendons aussi un plan de relance de l'emploi des jeunes ou le maintien des crédits dédiés aux plus démunis, à travers l'aide alimentaire.

Nous engageons des économies substantielles pour désendetter l'État mais nous créons 60000 postes à l'école qui reste le pilier de notre projet d'émancipation.

Nous favorisons la compétitivité avec le CICE et parallèlement, nous nous battons pour l'emploi des jeunes en difficulté grâce aux emplois d'avenir et à la garantie jeunes.

Le choc de simplification vise autant à faciliter la vie des entreprises qu'à améliorer l'accès aux droits sociaux par l'allègement des procédures et l'automatisation des prestations.

Nous soutenons l'activité des entreprises avec la BPI et les investissements d'avenir; nous valorisons celle des travailleurs modestes à travers l'augmentation de l'aide personnalisée au retour à l'emploi et la refonte du RSA activité et de la prime pour l'emploi.

La question de la fidélité à ce que nous sommes est reposée avec le pacte de responsabilité et de solidarité, et le vote du budget 2015.

Le débat s'ouvre au parlement et la majorité doit y participer pleinement. Non pas à la manière d'un congrès du parti socialiste, en campant sur des postures, mais en faisant preuve d'imagination pour consolider notre modèle social dans une période où il est attaqué de toutes parts. C'est à cette seule condition que nous pourrons regagner le cœur du peuple.»

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