La réforme du collège, enjeu décisif pour la jeunesse (05/05/2015)
La réforme du collège entrera en vigueur à la rentrée 2016.
Ci-dessous vous pourrez prendre connaissance de la tribune* que vient de faire paraître la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, Najat Vallaud-Belkacem (voir aussi article précédent).
En complément à cette lecture, je vous invite à lire le point de vue qu'a souhaité communiquer le Collectif des Associations partenaires de l’école (CAPE), sous le titre «Refonder l’École c’est engager la réforme du collège!». Vous y accéderez en cliquant sur ce lien.
«Enjeu décisif pour notre jeunesse, la réforme du collège est l’occasion d’en finir avec cette singularité qui veut qu’une réforme désirée soit toujours caricaturée et dénigrée par la coalition des approximations, postures et conservatismes réunis. Cette réforme n’a qu’une ambition: donner au plus grand nombre de nos élèves des chances supplémentaires de réussir sans jamais renoncer à l’excellence et au mérite.
Chacun le reconnaît, le collège est le maillon faible de notre système éducatif. Non du fait des enseignants investis dans leur travail, mais parce que l’ambition de démocratisation de la réussite a été abandonnée. Inefficace sur le plan de la réussite scolaire et injuste vis-à-vis des élèves, décourageant l’effort par la prévalence de l’origine sociale sur leurs destins, le collège apparaît comme un renoncement à la promesse d’égalité par l’éducation. Au moment où le sentiment d’appartenance à la République est crucial pour la cohésion sociale, c’est insupportable!
Effective à la rentrée 2016, la réforme du collège est une réponse pragmatique et globale pour que tous les élèves construisent leur avenir professionnel et deviennent des citoyens éclairés. Approuvée par le Conseil supérieur de l’éducation, construite à partir des expériences de terrain, elle est centrée sur l’apprentissage des savoirs fondamentaux, grâce à de nouvelles pratiques pédagogiques et une autonomie accrue des équipes éducatives.
Plutôt que de déléguer aux seuls parents et à quelques officines privées le soin de faire réviser et consolider les apprentissages, l’accompagnement personnalisé et le travail en petits groupes seront fortement renforcés. Dans ce collège unique mais moins uniforme, la capacité des élèves à travailler en équipe, à apprendre la conduite de projets, à prendre la parole sera améliorée. Face aux défis du monde actuel, la réforme prévoit de développer les langues vivantes, de s’ouvrir au numérique, de diversifier les modes d’apprentissage grâce à des enseignements pratiques interdisciplinaires. Enfin, pour la première fois, cette nouvelle organisation s’appuiera sur une refonte complète des programmes et une évaluation qui encourage l’effort et la réussite, dans un collège au climat apaisé, respectueux du rythme des élèves et de l’autorité des maîtres. Ces orientations ont été approuvées par de nombreux responsables politiques de gauche comme de droite.
L’opportunité est belle d’en finir avec la défiance qui accompagne tout changement, comme si notre société était devenue incapable de puiser en son sein les ressources de son redressement. Dès lors que les objectifs sont partagés et les moyens ambitieux avec la création de 4 000 postes, pourquoi ne pas rechercher les voies pour réussir ensemble? Ce sursaut existe sur le terrain et il ne se passe pas de jour sans que j’en reçoive le témoignage.
Mais souvent, faute d’avoir pris la peine de lire la réforme, le ballet des Cassandre a entamé son entreprise de caricature voire de désinformation. Voilà que l’on chante à nouveau l’air du déclin de la civilisation!
Réforme des langues vivantes. En République, l’égalité n’est pas l’ennemie de l’excellence, elle est la condition pour que chacun puisse y accéder. D’aucuns, à droite, n’hésitent pourtant pas à dénoncer un «nivellement par le bas», occultant les conséquences de leur politique de suppression de 80000 postes. Qu’on en juge: selon PISA, en français, les élèves qui ne maîtrisent pas la lecture sont passés de 15 à 19% entre 2000 et 2012; de 17 à 22% en mathématiques; et de 15 à 21% en histoire-géographie! Alors oui, à une politique qui tirait les élèves vers le bas dans un collège à deux vitesses, je veux que succède la promotion d’une méritocratie qui permette à tous les élèves de progresser, y compris les meilleurs, et offre à chacun les mêmes perspectives de réussite, selon leur travail et leur mérite.
C’est le sens du renforcement majeur que prévoit la réforme pour les langues vivantes, en généralisant l’apprentissage par tous les élèves d’une première langue dès le CP et d’une seconde dès la 5è au lieu de la 4è actuellement. Au lieu d’avoir 16% d’élèves qui apprennent deux langues dès la 6e dans des classes à part, ce sont demain 100% des élèves qui bénéficieront, dès la 5è, de 25% d’heures d’apprentissage en plus. S’agissant de l’allemand, la possibilité de l’apprendre en première langue dès l’école primaire sera assurée sur tout le territoire grâce à une carte académique des langues et un fléchage de postes de professeur d’école adapté. Elle sera même encouragée avec la garantie apportée aux enfants concernés qu’ils pourront commencer l’anglais en deuxième langue vivante dès la classe de 6è. Et on évoque un recul? Alors même que notre engagement pour enrayer la baisse d’attractivité de l’allemand est porté par une augmentation massive des recrutements de professeurs, plus de 500 en 2015, contre moins de 200 en 2010? Il y a là un contresens complet.
La même tentative de mystification est à l’œuvre s’agissant du latin: alors qu’il est aujourd’hui une option choisie par 20% des élèves qui l’abandonnent pour les trois quarts en fin de collège, la réforme permet de rendre accessible le latin, sa culture et sa civilisation à tous les élèves grâce à un enseignement interdisciplinaire spécifique dès la 5è. Pour ceux qui le souhaitent, la possibilité de bénéficier d’un enseignement complémentaire de latin est préservée. Loin d’un abandon, c’est la marque d’une ambition de démocratisation du latin. Au moment où nous créons un parcours citoyen, cette richesse ne doit pas être réservée à quelques-uns, mais proposée à tous au service de la maîtrise de notre langue et de la transmission des valeurs humanistes dont le latin et le grec sont porteurs.
De nouveaux programmes. Comble de la tartufferie, les projets de programmes sont accusés de tous les maux avant même d’être arrêtés: trop allégés et jargonnant et, en histoire, suspectés de «saper les racines chrétiennes de la France». En fait, élaborés par le Conseil supérieur des programmes, instance représentant la diversité de la société incluant six élus (gauche et droite), ces projets sont en phase de consultation jusqu’au 12 juin. J’ai indiqué qu’ils évolueraient pour veiller à leur clarté et lisibilité. En histoire, les nouveaux programmes rétabliront une logique chronologique et renforceront l’enseignement laïque des faits religieux. L’étude du judaïsme et des débuts du christianisme (6è), de l’islam et de la chrétienté médiévale (5è), de la société des Lumières (4è) sera assurée comme ils l’étaient jusqu’alors, ainsi que l’enseignement de l’esclavage, des génocides, de la colonisation et de la décolonisation. Sur un enjeu aussi décisif que la transmission de notre histoire commune, ma seule exigence, en respectant la responsabilité scientifique des historiens, sera de rechercher le consensus le plus large.
La réalité peu enviable de notre collège invite au même sens des responsabilités. Quand les thuriféraires du statu quo acceptent un collège qui produit 140000 décrocheurs chaque année, il faut refuser le fatalisme et cette culture de la défiance qui abîment l’école et la République. Alors, finissons-en avec les approximations, les polémiques médiocres, les postures qui interdisent le débat. Faisons de la réforme du collège l’occasion d’amplifier la refondation de l’école, dans un acte de soutien aux enseignants et de confiance dans notre jeunesse. Sortons enfin de la déploration, pour rendre à tous les élèves le goût de la réussite, du bonheur d’apprendre, de l’effort récompensé par des chances égales. Dans un pays amoureux de l’égalité, faire droit à l’exigence de Condorcet «d’établir entre les citoyens une égalité de fait, premier but de l’instruction nationale», c’est l’honneur d’un projet républicain».
*Cette tribune a été publiée par lemonde.fr. Pour y accéder, ainsi qu'aux informations complémentaires, cliquer ICI
Enfin, un clic sur ces images vous conduira vers deux infographies utiles pour comprendre la réforme du collège.
Ci-contre «Mieux apprendre pour mieux réussir» et, à droite «La réforme du collège : désintox»
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