3 lois sur 4 votées depuis 2007 ne sont pas appliquées, faute de décrets d’application : Que fait le Gouvernement ? (10/02/2009)
Le Sénat a rendu récemment son rapport sur le contrôle de l’application des lois votées au Parlement depuis juin 2007. Ses conclusions sont extrêmement intéressantes, venant confirmer ce que nous dénonçons depuis plus d’un an maintenant, à savoir que les textes soumis au Parlement par le Gouvernement viennent servir avant toute autre chose la politique de communication de la Majorité…
Contrôle de l’application des lois : le sujet est un peu compliqué mais mérite qu’on s’y penche néanmoins. Il faut comprendre tout d’abord que la majorité des lois votées par le Parlement nécessitent, pour être appliquées, que soient prises des mesures d’application qui viennent préciser les modalités de mise en œuvre de la loi. C’est l’objet des fameux « décrets d’application » dont la rédaction incombe aux membres du Gouvernement. Il revient au Parlement de contrôler ensuite que les décrets ont bien été promulgués et que la loi est donc entrée en vigueur.
Le dernier bilan dressé par le Sénat en la matière est éloquent : Moins d’un quart des décrets d’application attendus pour les lois votées en 2007 et 2008 ont été publiés. Conséquence directe : 3 lois sur 4 votées ne sont pas aujourd’hui appliquées... parce qu’inapplicables. Et parmi celles-ci, les lois adoptées selon la « procédure d’urgence » n’ont pas fait l’objet d’un suivi réglementaire plus attentif de la part du Gouvernement, y compris celles présentées par lui comme les plus emblématiques : loi sur la maîtrise de l’immigration (novembre 2007 – 25% des décrets publiés), loi de modernisation de l’économie (février 2008 – 3% des décrets publiés), loi relative aux OGM (juin 2008 – aucun décret publié)…
Ces chiffres viennent relativiser les exigences du Gouvernement vis-à-vis du Parlement pour une adoption toujours plus rapide de nouvelles lois. Et interroger aussi le sens réel de l’urgence déclarée sur un nombre croissant de textes par le Gouvernement. Car cette « procédure d’urgence » censée permettre de faire face rapidement à une situation jugée « exceptionnelle », revient aussi à priver le Parlement d’une deuxième lecture des textes concernés, donc à réduire les marges de manœuvre (discussion, dépôt d’amendements) de l’Assemblée et du Sénat…
Le tout, une nouvelle fois, se passe dans l’indifférence générale, très peu de médias ayant jugé bon de relayer, en les rendant compréhensibles pour tous, les conclusions du rapport du Sénat.
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Commentaires
Effectivement c'est assez incompréhensible
a) qu'autant de lois votées tardent autant à être appliquées
b) que dans ce contexte le gouvernement souhaite accélérer les discussions au Parlement (dans la mesure où il n'arrive déjà pas à appliquer les lois votées)
c) que ce fait ne soit pas plus connu du public (ce que vous faîtes certes)
Mais pourquoi donc l'opposition ne dénonce-t-elle pas plus ce fait ? (c'est peu porteur ? trop de gens s'en désintéresse ?) Ceci dit, pour moi, cette tâche lui incombe (même si elle a sûrement beaucoup d'autres urgences). Bon courage !
Écrit par : Gascoin | 21/02/2009
« Mais pourquoi donc l’opposition ne dénonce t’elle pas plus ce fait ? » Qu’on se le dise, sur ce sujet aussi, les députés et sénateurs socialistes tentent tant bien que mal d’informer et d’alerter les Français… Un bilan de l’application des lois est publié chaque année. Et chaque année, l’opposition y consacre un rapport et quelques tribunes. Reste qu’aucun média, radio, télé, presse (à de rares exceptions près, Le Canard Enchaîné, Bakchich.info, notamment) ne reprend ensuite l’information. Certes le sujet est technique, mais ce silence médiatique est effectivement difficilement compréhensible. Et constitue aussi un réel dysfonctionnement de notre système démocratique. On poursuit donc (la preuve dans cet article du blog) notre effort d’information et de communication sur le sujet…
Écrit par : L'équipe parlementaire | 24/02/2009