09/12/2008
Débat sur l’audiovisuel public : De la résistance, pas de l’obstruction !
Nous réfutons, avec l’ensemble des députés de gauche, les accusations d’obstruction au projet de loi sur l’audiovisuel dont nous taxent le Gouvernement et sa majorité. Car c’est de résistance dont nous faisons preuve, depuis maintenant plusieurs semaines, face à un texte dangereux et liberticide (voir article précédent sur le sujet).
Nous avons à cœur de marteler nos craintes et nos mises en garde pour que l’opinion se mobilise davantage, pour que cette réforme de l’audiovisuel public ne soit pas une affaire confidentielle limitée au Parlement. Alors oui, nous assumons pleinement cette bataille parlementaire et sommes bien décidés à aller jusqu’au bout.
De fait, les débats sur ce texte devraient se prolonger encore ces prochains jours et le vote, initialement prévu aujourd’hui, être repoussé d’une semaine au moins*. Après avoir envisagé le recours à l’article 49.3, le Gouvernement menace désormais de faire passer la suppression de la publicité par décret pour une entrée en vigueur dès le 5 janvier 2009. Rappelons que ce sont les mêmes qui déclaraient, il n’y a pas six mois, vouloir « revaloriser le rôle du Parlement et mieux garantir les droits de l’opposition » à travers la réforme institutionnelle…
Mais à travers ce possible recours au décret, il apparaît surtout que les articles consacrés à la suppression de la publicité sur France Télévisions n'ont été intégrés au projet de loi que pour lui fournir un alibi idéologique et détourner les regards de l'objet réel de ce texte, à savoir la reprise en main de l'audiovisuel public par le Président de la République.
Que reste-t-il en effet de ce projet de loi, dès lors que la publicité n'y serait plus traitée? Plus rien ne justifierait dès lors l'adoption de ce texte dans l'urgence. C’est pourquoi nous avons demandé solennellement au Premier Ministre de retirer ce projet de loi dont le contenu ne sert ni les intérêts du service public, ni la démocratie, ni le pluralisme, mais uniquement ceux des chaînes privées, TF1 en tête !
*Du fait de la prolongation des débats sur le projet de loi portant réforme de l’audiovisuel public, l’examen de la proposition de loi sur le travail le dimanche et du projet de loi sur le logement a été reporté en janvier (après la période de suspension des travaux parlementaires).
Publié dans Libertés publiques et droits individuels | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : audiovisuel, csa, france télévision, radio france | | Facebook | Imprimer | |
Commentaires
Vous prônez beaucoup 'résistance', 'mobilisation', 'rejet', etc.. aux projets qui sont soumis au parlement, mais qui risquent de passer malgré vous.
Vous mettez le point sur l'absence de discussion possible et le passage en force. Vous demandez solennellement le retrait de tel projet. Tous cela me semble de l'immobilisme et du manque d'imagination.
Je regrette beaucoup de ne pas voir dans vos communications de réelles propositions de projets de société sur lesquels les français pourraient vous suivre. Notre société évolue, se battre pour des avantages acquis ne suffisent plus.
Depuis 2002, - 6 ans déjà - vous êtes toujours dans l'opposition.
Vos électeurs - dont je suis (encore !) attendent que vous sortiez de vos combats internes pour une véritable alternative crédible! Depuis combien de temps nous redites vous que vous travaillez à un réel projet de société?
Merci de pensez avenir - 20012 c'est demain! faut-il se résigner à 10 ans de Sarkozy?
Écrit par : GERARD | 22/12/2008
Avec mes collègues députés socialistes, je me suis opposé à cette réforme de l’audiovisuel public car je la considère à la fois mauvaise pour le service public et dangereuse pour le pluralisme. Par cette opposition, nous avons permis au débat de dépasser le strict cadre du Parlement, de façon à ce que l’ensemble des citoyens puisse se l’approprier, ce qui n’est déjà pas négligeable. Nous souhaiterions également pouvoir être davantage porteurs de propositions à l’égard de nos concitoyens, mais cette tâche nous est rendue difficile du fait de notre statut de minoritaire (le calendrier de travail de l’Assemblée, est établi dans sa quasi-totalité par le Gouvernement et la Majorité parlementaire, ce qui nous laisse bien peu de place). Nous profitons cependant, autant que possible, des « niches » parlementaires (petites parties de l’ordre du jour laissées à l’initiative des groupes politiques) pour proposer des réformes utiles à nos concitoyens, comme par exemple la proposition de loi visant à donner à chacun un logement adapté et abordable. On n’entend peu parler de ces textes, qui sont le plus souvent rejetés par la Majorité sans même que leurs articles soient débattus.
Je perçois aussi dans votre commentaire toute l’attente d’une large part de la population de nous voir porter une alternative forte à la politique de Nicolas Sarkozy, alors même que les querelles entre socialistes retiennent depuis trop longtemps l’attention, notamment des médias. C’est pourquoi, comme un grand nombre d’électeurs de gauche, j’attends moi-même beaucoup du travail mis en place par la nouvelle direction du Parti Socialiste. Je veux croire qu’à travers son attitude et ses premiers projets, elle a pris la mesure des enjeux et de l’impatience à notre égard. Et je souhaite que nous puissions apporter collectivement, dans les prochains mois, de vraies réponses à ceux qui nous soutiennent.
Écrit par : Michel MENARD | 24/12/2008
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