UA-89942617-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/02/2009

Vote de la loi Boutin : La crise du logement reste sans réponse

img-RedHouse.pngAprès 2 semaines de débat, 60 heures de séance et l’examen d’un millier d’amendements, la loi Boutin vient d’être adoptée par 312 voix contre 225. Présent tout au long des discussions, j’ai proposé, avec mes collègues députés socialistes, de nombreux amendements afin d’améliorer le texte ou, tout au moins, afin d’en limiter les effets les plus négatifs. Mais à l’heure du bilan, et quoique rassuré par le maintien des dispositions de l’article 55 de la loi SRU déjà évoquées ici, force est de constater que les avancées que  nous avons obtenues par rapport au texte initial (modulation de l’application des surloyers, dérogation au plan local d’urbanisme pour des travaux concernant des personnes handicapées, notamment) ne portent que sur des points mineurs de ce texte, ne suffisant pas à en modifier l’orientation générale. Je me suis donc prononcé contre l’adoption de ce projet de loi lors du vote, et ce pour plusieurs raisons :

D’abord parce qu’en pleine crise économique, alors que l’immobilier a connu une hausse particulièrement forte ces 6 dernières années, ce projet de loi vient confirmer le désengagement de l’Etat en matière de logement : baisse du budget « Ville et Logement » (-10,5 % entre 2009 et 2011) et baisse des crédits destinés au logement social (qui passent de 800 à 550 millions d’euros sur la même période). Le Gouvernement tente de masquer son retrait en sollicitant de plus en plus lourdement les collectivités territoriales et en « pillant » le dispositif du 1 % logement, mais ses choix budgétaires provoquent une baisse importante de la construction de logements sociaux, lesquels sont de plus en plus chers et donc de moins en moins adaptés aux besoins des locataires les plus modestes.

Ensuite, parce qu’il n’est pas tolérable que le Gouvernement entende faire porter la responsabilité de la crise actuelle du logement sur les bailleurs sociaux d’une part et sur les locataires d’autre part. La loi Boutin prévoit de ponctionner la trésorerie des organismes HLM au prétexte qu’ils n’investiraient pas assez dans la construction et seraient responsables du manque de logement. C’est leur faire un bien mauvais procès, car bien plus que les abus réels ou supposés d’une poignée de bailleurs, ce sont les carences de financement de l’Etat qui sont à l’origine de cette situation. Le même raisonnement est à l’œuvre qui a conduit la Ministre à décider de l’augmentation des surloyers (payés par les locataires en place qui dépassent les plafonds de ressources) et de la baisse des plafonds de ressources pour l’attribution d’un logement HLM. Loin d’apporter des solutions à la pénurie de logements sociaux, ces mesures vont surtout repousser hors du parc HLM des familles issues des classes moyennes, alors même que leurs revenus sont insuffisants pour prétendre à un logement équivalent dans le secteur privé et au risque de voir se réduire la mixité sociale dans certains quartiers. Ajoutez à cela que les locataires victimes de la précarité ne sont pas non plus épargnés par ce texte qui prévoit la réduction des délais d’expulsion (de 3 à 1 an).

Ce projet devait répondre à la crise du logement durement ressentie par la population, mais ses propositions viennent au contraire aggraver les difficultés, et particulièrement celles des plus modestes.

 

Téléchargez ici mes interventions lors du débat sur l’article 21 de la loi Boutin (ici et ici).

 

 

Publié dans Logement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel ménard, logement social, loi, boutin, exclusion, mobilisation | |  Facebook |  Imprimer | |

10/02/2009

3 lois sur 4 votées depuis 2007 ne sont pas appliquées, faute de décrets d’application : Que fait le Gouvernement ?

dpi-lois-votees-non-appliquees.pngLe Sénat a rendu récemment son rapport sur le contrôle de l’application des lois votées au Parlement depuis juin 2007. Ses conclusions sont extrêmement intéressantes, venant confirmer ce que nous dénonçons depuis plus d’un an maintenant, à savoir que les textes soumis au Parlement par le Gouvernement viennent servir avant toute autre chose la politique de communication de la Majorité

Contrôle de l’application des lois : le sujet est un peu compliqué mais mérite qu’on s’y penche néanmoins. Il faut comprendre tout d’abord que la majorité des lois votées par le Parlement nécessitent, pour être appliquées, que soient prises des mesures d’application qui viennent préciser les modalités de mise en œuvre de la loi. C’est l’objet des fameux « décrets d’application » dont la rédaction incombe aux membres du Gouvernement. Il revient au Parlement de contrôler ensuite que les décrets ont bien été promulgués et que la loi est donc entrée en vigueur.

Le dernier bilan dressé par le Sénat en la matière est éloquent : Moins d’un quart des décrets d’application attendus pour les lois votées en 2007 et 2008 ont été publiés. Conséquence directe : 3 lois sur 4 votées ne sont pas aujourd’hui appliquées... parce qu’inapplicables. Et parmi celles-ci, les lois adoptées selon la « procédure d’urgence » n’ont pas fait l’objet d’un suivi réglementaire plus attentif de la part du Gouvernement, y compris celles présentées par lui comme les plus emblématiques : loi sur la maîtrise de l’immigration (novembre 2007 – 25% des décrets publiés), loi de modernisation de l’économie (février 2008 – 3% des décrets publiés), loi relative aux OGM (juin 2008 – aucun décret publié)…

Ces chiffres viennent relativiser les exigences du Gouvernement vis-à-vis du Parlement pour une adoption toujours plus rapide de nouvelles lois. Et interroger aussi le sens réel de l’urgence déclarée sur un nombre croissant de textes par le Gouvernement. Car cette « procédure d’urgence » censée permettre de faire face rapidement à une situation jugée « exceptionnelle », revient aussi à priver le Parlement d’une deuxième lecture des textes concernés, donc à réduire les marges de manœuvre (discussion, dépôt d’amendements) de l’Assemblée et du Sénat…

Le tout, une nouvelle fois, se passe dans l’indifférence générale, très peu de médias ayant jugé bon de relayer, en les rendant compréhensibles pour tous, les conclusions du rapport du Sénat.

06/02/2009

Loi Boutin : le Gouvernement renonce à toucher à la loi SRU

maison.pngPoursuivant l’étude du projet de loi Boutin, l’Assemblée est venue à examiner cette nuit l’article 17 qui prévoyait dans sa version initiale une prise en compte de l'accès social à la propriété dans les 20% de logements sociaux imposés aux communes par l'article 55 de la loi SRU (article supprimé par le Sénat). Examen mené en un temps record. En effet, l’ensemble des amendements déposés sur cet article a été rejeté sur la demande de la Ministre du logement. Cela confirme l’échec du Gouvernement dans sa tentative de remise en cause de la loi SRU.

Je ne reviens pas sur les tenants et aboutissants de cette manœuvre gouvernementale que j’ai eu l’occasion d’expliquer dans un précédent article. Pour autant, cet épisode montre bien à quel point la loi SRU, votée sous le Gouvernement de Lionel JOSPIN, est considérée quasi unanimement comme utile et nécessaire au développement du logement social. Sans doute est-ce ce qui a poussé Christine BOUTIN à affirmer dès le début de nos travaux à l’Assemblée qu’il n’était pas question de revenir sur le vote du Sénat supprimant cet article 17 de son propre projet de loi

C’est pour moi une réelle satisfaction de voir que cet acquis précieux a pu être préservé. D’autant plus grande que ce sera sans doute la seule dont nous pourrons (à gauche) nous féliciter à l’issue de l’examen du projet de loi Boutin. A suivre…

Publié dans Logement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel ménard, logement social, sru, boutin | |  Facebook |  Imprimer | |

04/02/2009

Prévention des risques technologiques : Pourquoi le coût devrait-il être supporté par les riverains ?

4_PPRTriaille_AP_plan_zonage_reg.png

J’ai pu interroger hier matin le Ministre de l'Écologie et de l'Aménagement du territoire sur le financement des travaux prescrits par le plan de prévention des risques technologiques (PPRT) de Riaillé.

Inconnus du grand public, les « PPRT » ont vu le jour au lendemain de l’accident de l’usine chimique AZF à Toulouse en 2001. Ils ont pour objectif de fixer des prescriptions visant à renforcer la sécurité et à réduire les risques encourus par la population vivant à proximité des entreprises potentiellement dangereuses. La commune de Riaillé est concernée par cette procédure en raison de la présence sur son territoire de l’entreprise Nobel Explosif (qui stocke des tonnes d’explosifs destinés à approvisionner les carrières de la région).

Le PPRT de Riaillé, qui fut l’un des premiers à être adopté en France en mai 2007, prescrit entre autre des travaux de mise en sécurité des habitations les plus proches du site Nobel. Or, ces travaux restent à ce jour très largement à la charge des propriétaires, bien que ceux-ci ne soient en rien responsables du danger potentiel... qu’ils encourent par ailleurs eux-mêmes.

Je considère qu’il revient aux entreprises concernées - et le cas échéant à l’Etat, s’il le souhaite - de  contribuer au financement de ces travaux de mise en sécurité. De ce point de vue, la réponse du Gouvernement, qui renvoie à un financement tant hypothétique que partiel de la part de l’Agence Nationale l’Habitat (l’ANAH, dont ce n’est en rien la vocation), est particulièrement décevante : Et l’injustice de la situation, subie par les riverains de ces entreprises, demeure. Colère.

Téléchargez ici mon intervention et la réponse du Ministre.