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21/04/2010

Sécurité à l’école : Etats Généraux et… retour aux recettes tout sécuritaire. Tout ça pour ça ?

OFRTP-FRANCE-EDUCATION-20100216.pngLe déplacement de Nicolas SARKOZY, hier en Seine Saint-Denis à l’occasion de la prise de fonction d’un nouveau préfet (le 3ème nommé depuis juin 2007) nous a valu un énième discours sécuritaire. Prévisible. Au moins les médias auront-ils souligné l’érosion du discours, l’air de « déjà vu » des bonnes ( ?) vieilles recettes sécuritaires resservies par le chef de l’Etat. Revenons sur les deux principales mesures annoncées à cette occasion en matière de lutte contre la délinquance et le « décrochage » scolaire :

Suspension des allocations familiales en cas d'absentéisme scolaire injustifié et répétitif. On nous annonce un projet de loi déposé « dès la semaine prochaine » visant à rendre la sanction (déjà prévue par la loi depuis 2006) « systématique ». Car, pour le chef de l’Etat, si la recette n’a pas fonctionné jusqu’ici, c’est parce que les conseils généraux, dont relève aujourd’hui la décision de suspension, rechignent à exercer cette compétence. La solution est donc toute trouvée : Une nouvelle loi qui confiera aux préfets le pouvoir de sévir. Soumis à la pression de leur hiérarchie, on imagine de quelle manière ils appliqueront la mesure. Et pas question, bien entendu, d’évaluer les dispositifs existants…

Un bureau pour un policier référent dans les établissements. Au printemps 2009, le chef de l’Etat avait demandé avec le succès que l'on connait, que soient « sanctuarisés » les établissements scolaires. A la rentrée dernière, il voulait déployer des « équipes mobiles de sécurité », composées de policiers ou de gendarmes à la retraite. Hier donc, il nous a annoncé vouloir réserver un bureau au sein des établissements « sensibles » pour un policier référent. Un bureau, c'est bien, mais restera-t-il des policiers à mettre dedans? Après les 9 200 suppressions de postes depuis 2007, le déficit de gendarmes et de policiers se fait sentir partout et d'abord là où ils ont leur place : dans les brigades et les commissariats.

Quinze jours après les Etats Généraux de la sécurité à l’école, les propos du chef de l’Etat auront probablement scandalisé les « grands acteurs de l’Ecole » (sic) et plus largement la communauté éducative, les acteurs engagés dans la politique de la Ville, etc. D’autres réponses existent face à la recrudescence de la violence en milieu scolaire, que nous réclamons à gauche depuis des mois, fondées sur l’individualisation des réponses et la généralisation des dispositifs relais. Et surtout, une nouvelle fois, il faut redonner à l’école les moyens de faire face à cette violence au quotidien, avec des enseignants, des surveillants et des personnels d’encadrement formés, en nombre suffisant et soutenus par leur hiérarchie. A cette occasion, je veux redire ma solidarité avec l’ensemble des personnels qui assurent aujourd’hui leur mission dans des conditions difficiles voire au péril de leur propre sécurité.

17/12/2009

Enseigner est un métier qui s’apprend…

tableau_1239368171.pngAprès la suppression des enseignants remplaçants et la suppression des enseignants spécialisés (RASED), c’est la suppression des enseignants… stagiaires qui est annoncée pour 2010. Engagée dans la confusion la plus totale en juin 2008, la réforme de la formation des enseignants a constitué l’un des motifs principaux des mobilisations universitaires de cette année. Et elle continue de susciter de fortes oppositions alors que les deux ministres de tutelle tentent de l’amener à son terme.

La réforme en question prévoit le recrutement des futurs enseignants au niveau master (bac +5) alors que jusqu’à présent ils étaient recrutés après une licence (bac +3). Mais elle prévoit également de renvoyer la formation des enseignants aux universités via des masters classiques et généralistes, de cantonner les concours de recrutement à des épreuves disciplinaires (au détriment des épreuves de pédagogie) et de supprimer l’année (rémunérée) d'enseignant stagiaire en IUFM…

Avec cette réforme, c’est la fin de la formation professionnelle des enseignants qui se profile. Les enseignants prendront leur poste après une préparation académique à l’université, mais sans formation pédagogique, parfois même sans stage en situation scolaire. Alors les conséquences, il n’est pas difficile de les imaginer. Les élèves en feront les frais, mais les jeunes enseignants aussi, qui réclament depuis plusieurs années une meilleure préparation à leurs missions et notamment au face à face avec les élèves.

Le métier d’enseignant est un métier difficile et qui a considérablement évolué ces dernières années. C’est un métier qui exige une formation spécifique. Une réforme est nécessaire, mais précisément pour renforcer la formation et l’accompagnement pédagogique des futurs enseignants, pas pour la supprimer au profit des compétences disciplinaires.

Les étudiants, les directeurs d’IUFM et présidents d’Université, les enseignants récusent le projet de réforme actuel. Je les soutiens et m’associe à leur mouvement lancé cette semaine sous le mot d’ordre « enseigner est un métier qui s’apprend », pour la défense d’un service public de l’éducation, renforcé et revalorisé.

Publié dans Education | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : iufm, formation des enseignants, masterisation | |  Facebook |  Imprimer | |

24/11/2009

EDUCATION : le total décalage des discours ministériels - L’exemple de la scolarisation des élèves en situation de handicap

Sans titre.pngDepuis des semaines, le Ministre de l’Education Nationale clame ses ambitions en matière de revalorisation du métier d’enseignant. Je tenais aujourd’hui, alors que plusieurs syndicats enseignants appelaient à la mobilisation (la première de l’année), à lui dire combien ses discours sonnent creux à l’oreille des enseignants, largement désabusés sous l’effet des dernières réformes imposées par la majorité. Je tenais aussi à lui rappeler les conséquences des suppressions de postes massives dans l’Education Nationale : remplacements non assurés, manque d’infirmiers et de médecins scolaires, disparition des réseaux d’aide aux enfants en difficultés (RASED), recul de la scolarisation des enfants de moins de 3 ans, difficultés de scolarisation des élèves handicapés, faute d’accompagnants…

Sur ce dernier sujet, le Ministre que j’ai déjà eu l’occasion d’interpeller à plusieurs reprises, se veut là encore rassurant, nous répétant que les cas d’élèves handicapés non accompagnés ne constituent que des cas isolés. Illustration de ce décalage permanent entre discours et réalité constatée sur le terrain : ces « exceptions » concernaient fin octobre, sur le département de la Loire-Atlantique, près d’un tiers des élèves handicapés pour lesquels la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) a prescrit et notifié un accompagnement. Et la situation, particulièrement choquante, n’est pas propre à notre département…

Une nouvelle fois cet après-midi, lors de la séance des questions d’actualité, le Ministre s’est dérobé en se retranchant derrière les objectifs affichés (évidemment volontaristes) et les chiffres d’élèves handicapés scolarisés (évidemment en augmentation) autour desquels le Ministère entretient une confusion prodigieuse et inacceptable. Les enseignants ne sont pas dupes, les parents de ces élèves handicapés non plus, qui commencent à se réunir en collectifs pour dénoncer cette situation… Une seule conclusion : l’éducation n’est toujours pas une priorité de ce gouvernement !

Téléchargez ici le compte-rendu de mon intervention et de la réponse du Ministre
Téléchargez ici mes précédentes interventions en séance des questions d'actualité

29/09/2009

Financement des écoles privées hors commune de résidence : De nouvelles dépenses obligatoires pour les communes, un nouveau coup porté à l’école publique…

ecole-publique-le-hezo.pngL’Assemblée Nationale examinait hier soir une proposition de loi (dite « Carle », du nom de son auteur) visant à aménager les conditions de financement de la scolarisation en établissement privé hors commune de résidence, dont le principe avait été introduit par l’article 89 de la loi relative aux libertés et responsabilités locales du 13 août 2004. Un article fondé sur un malentendu, dont les effets ont très largement dépassé les intentions premières de son auteur, Michel CHARASSE, et qui a engendré dans son application d’importantes difficultés pour les communes (notamment les petites communes).

Considérant que le sort d’une telle disposition détournée de ses objectifs, aux interprétations divergentes, ouvrant la voie à contentieux et dont le décret d’application n’a par ailleurs jamais été publié est d’être purement et simplement supprimée, les parlementaires socialistes en ont régulièrement demandé l’abrogation.

La majorité qui avait fait jusque-là rejeté toute initiative de notre part en ce sens (la dernière en date étant la proposition de loi de Jean GLAVANY, examinée par l’Assemblée Nationale en novembre 2007), a préféré proposer des aménagements à cette disposition. Mais sous couvert de restreindre l’impact (notamment financier) de l’article 89 et d’apporter ainsi un cadre sécurisant juridiquement aux communes, elle institue  une obligation de financement des écoles privées hors résidence au nom d’un principe de parité public-privé qui pose d’autant plus question qu’il s’avère sans fondement juridique. Ce faisant, la majorité actuelle impose de nouvelles charges aux communes et porte un nouveau coup à l’école publique, à la mixité sociale, la laïcité…

Demain, le Maire d’une petite commune qui se bat pour maintenir son école publique sera contraint de financer la scolarisation des élèves qui lui préfèrent une école privée voisine - ceci au bon vouloir des familles, sans que l’avis du Maire ne soit requis (à la différence de ce qui vaut pour le public) - au risque d’entraîner la fermeture de l’école ou de certaines classes.  L’«évasion » scolaire ainsi facilitée risquera également de nuire aux établissements situés en zone sensible et/ou prioritaire…

Présent hier soir dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, j’ai dénoncé ce texte qui, sous des airs de ne pas y toucher, consiste, comme pour l’hôpital à livrer une mission de service public au secteur privé. J’ai dénoncé cette atteinte à l’école publique mais aussi au principe de libre administration des communes. Avec mes collègues députés socialistes, nous avons voté contre ce texte, refusant le principe de l’obligation de financement des écoles privées hors résidence,  refusant de cautionner le « chèque éducation » et la logique consumériste qui se profile derrière la proposition de loi, refusant de mettre en difficulté les petites communes qui se battent pour leur école publique. Pour enfin réaffirmer le principe de laïcité.